Les métiers de la santé sont les premiers concernés par les accidents d’exposition au sang (AES), même si bien d’autres ne sont pas en reste. Peu importe d’ailleurs votre métier, certaines situations peuvent vous amener à faire face à un AES. La plupart du temps, prises de panique et envahies par le stress les personnes victimes d’AES ne prennent pas toujours les bonnes décisions. Dans cet article nous vous disons entre autre ce qu’est un AES, quelles sont les maladies auxquelles peut exposer un AES et quelle est la conduite à tenir ?
Qu’est-ce qu’un AES ?
Un AES est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure) soit une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou sur une peau lésée.
On entend par liquide biologique : la salive, le sperme, les urines, les sécrétions vaginales, le liquide céphalo rachidien (LCR), le liquide amniotique etc.
Quels sont les métiers et les situations au cours desquels on peut faire face à un AES ?
Il s’agit du personnel des structures sanitaires : médecins, infirmiers, aides-soignants, techniciens de laboratoire, techniciens de surface etc.
Les autres métiers : rugbymen, boxeur, agent de police, pompier, esthéticien-ne, travailleur de voirie etc.
Les situations au cours desquelles on peut faire face à un AES se sont : les viols et rapports sexuels à risque, les toxicomanies, les coups et blessures volontaires, secourisme, l’usage d’objets contaminés tels que brosse à dent, rasoir, coupe-ongle etc.
Quels sont les éléments qui permettent d’évaluer le risque infectieux ?
La profondeur de la piqûre (plus la profondeur est importante plus le risque infectieux est important),
Le sang visible sur l’instrument blessant,
Une aiguille creuse ayant été utilisée en intraveineux ou en intra-artériel direct (une aiguille pleine a un risque infectieux moins important, le risque est plus faible s’il s’agit d’une aiguille utilisée en intramusculaire ou en sous-cutané),
Le calibre de l’aiguille (plus il est gros, plus le risque infectieux est important)
Le statut de la personne source (malade, patient, violeur ayant une charge virale élevée ou non, en phase aigüe ou terminale par exemple).
Quelles sont les maladies auxquelles expose un AES ?
Il s’agit principalement du VIH, des hépatites virales B et C et des autres infections sexuellement transmissibles (IST).
De manière générale, Il est reconnu que le risque de transmission des hépatites virales B et C est supérieur à celui du VIH.
Que faire en cas d’AES ?
Se faire piquer accidentellement par une aiguille, ou encore recevoir une projection de liquide biologique dans l’œil sont des situations qui engendrent généralement une grande détresse chez les victimes.
L’AES est une urgence, que l’on soit devant une victime de viol, un toxicomane ou encore une personne faisant partie de l’entourage d’un malade.
En dehors du milieu hospitalier, se rendre dans le centre de santé le plus proche doit être la priorité.
Peu importe, en milieu hospitalier ou en situation d’isolement, les mesures suivantes doivent être prises :
- Lorsque l’exposition est percutanée (plaie sur la peau)
Il faut effectuer un nettoyage immédiat de la plaie à l’eau et au savon, puis un rinçage. Ceci a pour but de réduire le temps de contact avec le sang ou le produit contenant du sang et d’éliminer toute présence de sang au niveau de la peau.
Après lavage et rinçage, désinfecter pendant au moins 5 minutes à l’aide d’un antiseptique (Dakin ou javel à 12° dilué au 1/10e ou alcool à 70° ou polyvidone iodée).
- Lorsqu’il s’agit de projection dans les yeux
Laver à l’eau de robinet ou au sérum physiologique
Le délai de déclaration de l’AES est capital. Dans le cadre du travail, la déclaration d’accident de travail doit se faire dans les 24h ouvrables au plus tard ; et pour la prise en charge au mieux dans les 4h.
Une prophylaxie (prise de médicaments antirétroviraux) à débuter au plus tôt peut être nécessaire pour ne pas faire la maladie ; on parle de traitement préventif d’exposition (TPE).
Le médecin évaluera les risques infectieux qui concernent le risque de transmission du VIH, du VHB et VHC. En cas de viol ou de rapport sexuel à risque, les autres infections sexuellement transmissibles sont à craindre (Syphilis, Gonococcie, infection au human papilloma virus (HPV), chlamydiose).
Ce dernier prescrira un bilan d’examens sanguins chez la victime et chez la personne source si elle est accessible.
Chez le personnel soignant, la prévention des AES repose sur la vaccination et l’immunisation contre l’hépatite virale B. Il est important de savoir que l’AES est une urgence qui intéresse tout le monde. Savoir que faire devant un AES permet de réduire le risque de contamination par les virus VIH, VHB et VHC. En cas d’AES, consulter rapidement un médecin est la règle.
Pour en savoir plus
Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales. Accidents d’exposition au sang et aux liquides biologiques. LE POPI 11e édition, Vivactis Plus, Paris (2012) : 331-336
C. Prudhomme. Accidents d’exposition au sang. Guide Poche des Urgences 3e édition, Maloine, Paris (2005) : 81-82