Ce qui peut paraître une contrainte, voire inutile peut s’avérer très important lorsqu’on y regarde de près. Le bilan prénuptial est onéreux, son coût peut constituer un frein à sa réalisation. Pourquoi faire un bilan prénuptial ? Que comporte un bilan prénuptial et quelle particularité pour les africain.e.s ?
Qu’est-ce qu’un bilan prénuptial ?
C’est un ensemble d’examens biologiques réalisés avant le mariage ou toute autre union. Il concerne le couple et est réalisé d’un commun accord.
Pourquoi effectuer un bilan prénuptial ?
Lorsqu’on envisage une union ou encore d’avoir des enfants dans un couple, il convient de prendre des mesures qui protègeront la santé de chaque conjoint et permettront une prévention des maladies malformatives ainsi qu’une fausse couche. En effet, la plupart de ces examens ont pour but d’assurer le bon déroulement de la grossesse avec un développement harmonieux de l’enfant.
Ce bilan qui n’est pas exhaustif comporte :
Le groupage sanguin rhésus avec la recherche d’agglutinines irrégulières (RAI)
Les agglutinines se sont des anticorps fabriqués par notre système immunitaire pour « s’attaquer » aux agents étrangers à l’organisme. A la surface des globules rouges se trouve des antigènes ; lorsque les agglutinines ou anticorps s’attaquent à ces antigènes on parle d’agglutinines « irrégulières ». La RAI est un examen nécessaire avant la grossesse. Chez une femme enceinte la présence d’agglutinines irrégulières peut provoquer une maladie grave appelée maladie hémolytique du nouveau-né.
Lors d’une transfusion ou d’une première grossesse la femme enceinte porteuse d’agglutinines irrégulières va fabriquer des anticorps dirigés contre le sang du donneur ou celui de son fœtus. Au cours d’une seconde transfusion ou d’une seconde grossesse ces anticorps s’attaqueront aux globules rouges étrangers. Il est recommandé de demander conseil à son médecin lorsqu’on a eu des transfusions sanguines avant une grossesse.
La sérologie VIH
La transmission du VIH peut se faire au cours des rapports sexuels non protégés et de la mère à l’enfant. Lorsque dans un couple l’un des partenaires est séropositif au VIH, on parle de couple séro discordant. Se dépister permet de protéger son partenaire et pour la femme d’accoucher d’un nouveau-né séro négatif.
Il est possible en mettant le partenaire séro négatif (qui n’est pas atteint par le VIH) sous traitement d’avoir une vie de couple épanouie. Chez la femme enceinte séro positive au VIH, on effectue dans les formations sanitaires la PTME (prévention de la transmission mère enfant du VIH) ; elle permet d’accoucher d’un nouveau-né sain.
Les hépatites virales B et C
Les virus des hépatites B (VHB) et C (VHC) peuvent se transmettre au cours d’un rapport sexuel non protégé ou de la mère à l’enfant. Il convient de se faire dépister pour bénéficier d’une surveillance régulière et ainsi réduire le risque de transmission au nouveau-né en cas de grossesse.
Toute infection par l’un de ces deux virus ne nécessite pas forcément une mise sous traitement. Demander conseil à votre médecin traitant.
La Syphilis
Transmise de la mère à l’enfant, elle est la deuxième cause principale de mortinatalité évitable juste derrière le paludisme. Selon les estimations sur les 930000 femmes ayant une issue défavorable de la grossesse chaque année, 350000 le doivent à la Syphilis.
La syphilis est une infection sexuellement transmissible. Le dépistage et le traitement de cette affection au sein des couples sont capitaux et peuvent réduire la morbidité et la mortalité liées à cette infection
La rubéole
C’est une infection virale qui est la principale cause d’anomalies congénitales évitables par la vaccination. Chez la femme enceinte, la rubéole peut entraîner la mort du fœtus ou des malformations congénitales.
Il n’y a pas de traitement spécifique contre la rubéole mais il existe un vaccin
La toxoplasmose
La toxoplasmose est causée par le parasite protozoaire Toxoplasma gondii. Ce parasite peut se transmettre par le placenta (de la mère au bébé), par contact avec la terre ou de l’eau infectés, par l’ingestion d’aliments contaminés ou, dans de très rare cas, par transfusion sanguine ou don d’organe. Si l’infection se produit pendant ou juste avant la grossesse, le parasite peut se transmettre au fœtus, il peut être à l’origine d’une fausse couche.
On estime que 95% des personnes ayant un système immunitaire sain ne manifesteront aucun symptôme clinique une fois infectées, ou peuvent remarquer des symptômes pseudogrippaux qui se résorbent rapidement. La plupart des personnes atteintes par cette maladie ne savent donc pas quand elles sont infectées.
La drépanocytose
C’est la maladie génétique la plus fréquente dans le monde, elle affecte l’hémoglobine des globules rouges. Particulièrement répandue en Afrique, elle se manifeste entre autre par une anémie, des crises douloureuses et un risque accru d’infections. Sans traitement, la moitié des enfants drépanocytaires meurt avant l’âge de 5 ans. Le test le plus fréquemment proposé aux couples est l’électrophorèse de l’hémoglobine.
Selon l’OMS, 50 millions de personnes dans le monde porteraient le trait drépanocytaire. En Afrique entre 5 et 40% de la population est porteuse du gène muté (en majorité des porteurs sains qui ne développeront pas la maladie). Aujourd’hui il existe un test de diagnostic rapide de la drépanocytose dont l’usage tarde à se répandre sur le continent. Un couple averti prendra des dispositions pour un suivi des enfants dès la naissance, réduisant ainsi le risque de manifestation de la maladie.
Le bilan prénuptial permet de préserver la santé du conjoint mais joue également un rôle capital dans la prévention des maladies malformatives lorsque le couple désire avoir des enfants. En Afrique le test de la drépanocytose devrait être systématique avant toute union car cette maladie génétique affecte surtout la race noire.