En Afrique l’action sanitaire est presque exclusivement orientée sur l’Homme, même si la question de l’impact de l’environnement sur la santé des populations commence à occuper l’espace médiatique. De nombreuses initiatives voient le jour et ne disposent pas de moyens suffisants pour atteindre leurs objectifs. De nombreux décès sont liés à la pollution et à la dégradation de notre environnement. Que pouvez-vous faire individuellement afin d’améliorer votre environnement et impacter votre santé ? Pour un engagement total, il convient de connaître les principales causes de décès et maladies liées à l’environnement.
Les principales causes de décès liées à l’environnement
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’environnement entraîne de nombreux décès chaque année. Ces décès concernent malheureusement près de 1,7 million d’enfants par an. [1]
La pollution de l’air
Celle-ci est liée à l’usage de feu de bois ou de charbon de bois à l’intérieur d’habitation parfois sans aération, ainsi qu’au tabagisme passif surtout chez l’enfant. La fumée du tabac contient plus de 7000 substances chimiques, dont on sait qu’au moins 250 sont nocives… [2]
Peut-on se passer de charbon de bois ou de bois ? Nous reviendrons dessus plus loin.
Le fait que de nombreux lieux publiques ne disposent pas d’espace fumeur ou alors ne font mention d’aucune interdiction de fumer, favorise le tabagisme passif. De plus la vente de cigarette n’est pas soumise à un contrôle rigoureux de l’âge.
Pour le moment, la pollution de l’air en extérieur est beaucoup plus liée aux véhicules et engins de secondes mains importés qu’à l’industrie de transformation qui est encore « embryonnaire » dans plusieurs régions.
L’insalubrité de l’eau
Dans de nombreuses villes, l’approvisionnement en eau de boisson n’est pas toujours évident. Il relève parfois d’un « parcours du combattant » et, provient de cours d’eau, de puits et forages. La qualité de cette eau impropre à la consommation, ne semble plus inquiéter les populations livrées à elles même.
Selon l’OMS, dans le monde, environ 1,1 milliard de personnes ont un accès insuffisant à des sources d’eau améliorées ; la grande majorité se trouvant dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.
La gestion des déchets ménagers
Le défaut d’assainissement demeure un facteur de multiplication de points d’eaux stagnantes qui constituent les nids de développement des larves d’insectes vecteurs de maladies.
Les moisissures et l’humidité à l’intérieur des habitations sont fréquentes durant les saisons pluvieuses et peuvent représenter un danger pour la santé.
L’encombrement des rigoles et canalisations par toutes sortes d’objets en matériaux divers empêche l’évacuation normale des eaux de pluie et des eaux usées issues des habitations. Les objets usagés pouvant contenir de l’eau se trouvant aux alentours des habitations abritent les larves de moustiques. Dans le monde environ 2,4 milliards de personnes ne disposent d’aucun moyen d’assainissement.
L’usage de pesticides dangereux
Les risques sanitaires liés à l’usage de pesticides dangereux sont bien connus et ne souffrent plus d’aucun débat. La contamination des terres pour de longues années est un corollaire.
Voir sur notre site l’article « Manger bio en Afrique : bientôt un luxe ». [3]
Les maladies liées à l’environnement
Les maladies cardiovasculaires et respiratoires
Chez l’adulte, le tabagisme passif entraîne de graves maladies cardiovasculaires et respiratoires, dont les cardiopathies coronariennes et le cancer du poumon. Chez le nourrisson il augmente le risque de mort subite, chez la femme enceinte il est responsable de complications au cours de la grossesse et entraîne une insuffisance pondérale du nourrisson à la naissance (petit poids de naissance). La fumée de charbon de feu de bois est riche en gaz carbonique et peut entraîner à long terme des broncho-pneumopathies (maladies des bronches et des poumons).
Le tabagisme passif provoque plus de 1,2 million de décès prématurés chaque année [2].
Les infections gastro-intestinales
La consommation d’eau contaminée est à l’origine de ces infections. Ces dernières causent la diarrhée qui est répandue dans le monde entier, et est responsable de 4% de tous les décès. Elles tuent chaque année environ 2,2 millions de personnes dans le monde. [4]
Le choléra et la dysenterie causent des formes sévères de diarrhée. En Afrique les maladies diarrhéiques font beaucoup de victimes chez les enfants entre 0 et 5 ans.
Les maladies transmises par les vecteurs
En Afrique, il s’agit du paludisme responsable de nombreux décès chaque année, et plus récemment la dengue en Côte d’Ivoire avec 130 cas dont 2 décès, la fièvre jaune avec 89 cas dont 1 décès.
La fièvre jaune et la dengue sont des maladies virales transmises par un même moustique [5,6].
Les cancers et malformations génétiques
L’usage de pesticides dangereux cause de nombreux cancers et parfois des malformations congénitales chez les enfants dont les mères ont été exposées au cours de la grossesse. [3]
Les mesures individuelles environnementales à prendre pour améliorer sa santé
Entretenir son habitat
- Eviter les eaux stagnantes aux alentours des habitations (couvrir les récipients destinés aux réserves d’eau, ou alors les vider régulièrement, effectuer un ramassage régulier des objets usagés tels que les boîtes de conserve) ;
- Effectuer un désherbage régulier autour des habitations ;
- Installer des grillages sur les fenêtres et portes des habitations ;
- Utiliser des insecticides à l’intérieur des domiciles et pulvériser tout autour de ceux-ci ;
- Dormir sous moustiquaire imprégné à longue durée d’action.
Lutter contre la pollution de l’air
- Eviter l’exposition à la fumée de tabac ;
- Privilégier le charbon écologique lorsqu’on y a accès (il coûte moins cher que le charbon de bois et est fabriqué à base d’ordures ménagères) [5] ;
- Utiliser le charbon de bois dans des espaces suffisamment aérés ;
- Sensibiliser autour de soi les fumeurs sur les effets du tabagisme passif.
Rendre l’eau potable
- Javelliser l’eau avant de la consommer (3 cuillères à café et demi d’eau de javel par litre d’eau) ;
- Filtrer l’eau (la grande majorité des filtres disponibles sur le commerce peuvent débarrasser l’eau de Salmonella Typhi responsable de la fièvre typhoïde) ;
- Faire bouillir l’eau avant de la consommer.
Ne pas faire usage des pesticides dangereux
- Eviter les pesticides pendant la grossesse ;
- Laver et peler les fruits et légumes permet de réduire l’ingestion des résidus de pesticides ;
- Tremper les fruits et légumes dans de l’eau tiède (presque froide pour éviter de dénaturer la qualité des aliments, notamment le goût et la saveur) mélangée à de la cendre et un morceau de charbon de bois pendant 30 minutes environ ;
- Tremper les fruits et légumes dans de l’eau tiède mélangée à du bicarbonate de soude et un morceau de charbon de bois pendant 30 minutes environ ;
- Ne pas hésiter de se renseigner sur les conditions de culture des aliments que nous consommons lorsque cela est possible ;
- Créer son propre verger ou potager lorsqu’on a « la main verte » ou alors apprendre pourquoi pas à le faire. [3]
Aujourd’hui le défi des autorités sanitaires c’est : comment amener les populations à prendre conscience de l’impact de l’environnement sur leur santé ? Le challenge sur les réseaux sociaux concernant le ramassage d’ordures pourtant très apprécié n’a pas fait long feu.
« Dis-moi où tu vis, et je te dirais à quels risques sanitaires tu es exposé(e) ». Cette phrase résume l’impact de l’environnement dans lequel nous vivons sur notre santé. Soyons acteur de notre santé, notre bien le plus cher ; ceci en œuvrant pour un environnement meilleur.
Références
[1] https://www.who.int/phe/fr/
[2] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/tobacco
[3] https://primepublichealth.com/manger-bio-en-afrique-bientot-un-luxe/
[4] https://www.who.int/water_sanitation_health/diseases/diarrhoea/fr/
[5] https://www.france24.com/fr/20190606-cote-divoire-lutte-contre-le-retour-dengue
[6] https://fr.africanews.com/2019/07/30/cote-d-ivoire-epidemie-de-fievre-jaune-avec-89-cas-et-un-deces//