Pourquoi observe-t-on un « boom » du cancer en Afrique ? Quels sont les cancers les plus meurtriers en Afrique ? Peut-on prévenir les cancers ?
Les cancers sont responsables de nombreux décès en Afrique. Sur les réseaux sociaux, on observe de nombreuses annonces, dans lesquelles sont présentés des produits naturels miracles qui guériraient les cancers. Désinformation, charlatanisme ignorance sont entre autres des maux qui « diluent » les efforts des autorités sanitaires.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de savoir ce qu’est un cancer et ce qu’on entend par prévention ?. Ce sont des termes très utilisés en santé publique.
Qu’est-ce qu’un cancer ?
Selon l’OMS, c’est un terme générique appliqué à un grand groupe de maladies pouvant toucher une partie quelconque de l’organisme. Les autres termes employés sont ceux de tumeurs malignes et de néoplasmes. Il s’agit de l’apparition rapide de cellules anormales qui se multiplient de manière anarchique dans une partie de l’organisme. [1]
Qu’entend-t-on par prévention ?
Il existe plusieurs types de prévention
- La prévention primaire : acte destiné à diminuer l’incidence d’une maladie (empêche l’apparition de nouveaux cas)
- La prévention secondaire : identification de la maladie alors qu’elle est encore asymptomatique – correspond au dépistage. En d’autres termes la maladie est présente mais ne se manifeste pas encore.
- La prévention tertiaire : limiter les conséquences des maladies installées, prévenir les rechutes et réduire l’effet de la prévalence [2]
Les puristes ajouteront la prévention quaternaire que nous n’aborderons pas. Sans aucun doute la prévention primaire est l’idéale…Nous reviendrons dessus plus loin.
Pourquoi observe-t-on un « boom » du cancer en Afrique ?
Selon les dernières données mondiales de l’OMS sur le cancer, le fardeau du cancer a atteint 18,1 millions de nouveaux cas et 9,6 millions de décès par cancer en 2018. [3]
Qu’en est-il de l’Afrique ?
« La mortalité par cancer est proportionnellement plus élevée en Afrique qu’ailleurs dans le monde. Les cancers représentent déjà entre 10 à 20% des pathologies sur le continent africain », selon une étude de l’Alliance des ligues francophones africaines & méditerranéennes contre le cancer (Alam) parue en 2017.
Le cancer n’est pas encore une priorité en matière de santé publique dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Notamment parce que ces derniers concentrent leurs efforts financiers sur les maladies infectieuses que sont entre autres le SIDA, la tuberculose, le paludisme. Résultat : il reste peu de ressources pour s’attaquer au cancer qui fait pourtant déjà des ravages. [4]
Les épidémies qui sévissent actuellement dans plusieurs pays n’arrangent pas les choses (exemple : 523 cas de rougeole au moins en Guinée depuis le début 2019) [5]
Parmi les causes qui reviennent fréquemment comme facteurs favorisant l’augmentation du nombre de cas de cancers en Afrique, on peut citer :
- La croissance et le vieillissement de la population, en 2050 l’Afrique devrait compter 215 millions de personnes de plus de 60 ans et plus… (Plus de monde plus de cancer, cela semble évident)
- L’urbanisation (consommation d’aliments industriels, l’usage de pesticides dans les plantations, les antennes relais par le biais de champs électromagnétiques, tabagisme…),
- Le manque d’agents de santé formés à la cancérologie (le cancer est très souvent diagnostiqué tardivement)
- L’insuffisance d’équipements et de matériel dédiés (hôpitaux les mieux équipés situés dans les capitales)
- L’incidence des maladies infectieuses (exemple du Human Papilloma Virus responsable du cancer du col de l’utérus).
- L’absence de couverture santé universelle dans la majorité des pays, sachant que les soins relatifs aux cancers sont onéreux.
Si rien est fait, les nouveaux cas de cancers pourraient ainsi doubler à l’horizon 2040. Ils passeraient, selon les chiffres de l’OMS, de 1 055 172 en 2018 à 2 123 245. [4,6]
Quels sont les cancers les plus meurtriers en Afrique ?
Les populations les plus touchées en Afrique subsahariennes sont malheureusement les femmes et les enfants (populations vulnérables). Les femmes représentent 60% des nouveaux cas et 55% des décès ; les cas chez les enfants de moins de 15 ans représentent 4 à 6% des cancers.
Parmi les cancers qui sévissent le plus, on peut citer par ordre fréquence
Le cancer du col de l’utérus qui représente en Afrique subsaharienne 22% de tous les cancers féminins et 12% de tous les cancers nouvellement diagnostiqués chez les hommes et les femmes.
Environ une femme sur 26 développera un cancer du col de l’utérus au cours de sa vie, et une sur 40 en mourra d’après l’Atlas du cancer.
Le cancer du sein et le cancer de la prostate.
Peut-on prévenir les cancers ?
OUI on peut prévenir les cancers, mais pas tous…Ici, il s’agit de parler prévention (souvenez-vous plus haut nous en avons parlé). Nous n’aborderons que les plus fréquents
Prévention primaire
Le cancer du col de l’utérus, qui paradoxalement est le plus meurtrier en Afrique peut être éviter tout simplement en se vaccinant contre le Human Papilloma Virus (HPV). Dans le même ordre d’idée, l’infection par le virus de l’hépatite B (pouvant aboutir à un cancer) peut être prévenu par la vaccination.
Prévention secondaire
Le dépistage précoce permet d’éviter les diagnostics tardifs de cancer du col de l’utérus ; en effet il existe des lésions précancéreuses (des lésions dont l’évolution aboutira à un cancer si rien est fait). En faisant une mammographie le cancer du sein peut être découvert plus tôt. Chez l’homme un toucher rectal par an est conseillé à partir de 50 ans en vue de dépister un cancer de la prostate.
Selon l’OMS un tiers des cancers peuvent être éviter, tout simplement en adoptant les attitudes et comportements suivants :
- Eviter le tabagisme (les cigarettes y compris le tabac sans fumée)
- Eviter la surcharge pondérale ou l’obésité
- Consommer suffisamment de fruits et légumes
- Faire régulièrement de l’exercice physique (éviter la sédentarité)
- Eviter la consommation d’alcool
- Eviter l’infection à HPV qui est sexuellement transmissible (Port de préservatif par exemple)
- Eviter les rayonnements ionisant et ultraviolets
- Eviter la pollution de l’air en milieu urbain
- Eviter les fumées à l’intérieur des habitations dues à l’utilisation des combustibles solides par les ménages
La vaccination contre le HPV et le virus de l’hépatite B pourrait prévenir 1 million de cas annuels de cancer. [7]
Conflit d’intérêt : Aucun
REFERENCES
[1] https://www.who.int/cancer/fr/
[2] http://www.bichat-larib.com/revue.presse/revue.presse.resume.affichage.php?numero_etudiant=&numero_resume=864
[3] https://www.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/09/pr263_F.pdf
[4] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/cinq-choses-a-savoir-sur-le-cancer-en-afrique-sub-saharienne_3173801.html
[5] https://primepublichealth.com/rougeole-523-cas-en-guinee-depuis-debut-2019/
[6] https://www.jeuneafrique.com/33734/societe/sant-10-choses-savoir-sur-le-cancer-en-afrique/
[7] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/cancer