PPH : Qu’est-ce que l’Histoplasmose ?
Mycose profonde provoquée par un champignon dimorphique, appelée Histoplasma capsulatum. Deux formes existent. L’histoplasmose dite américaine qui est la forme classique due à Histoplasma capsulatum variété capsulatum, et l’histoplasmose africaine due à Histoplasma capsulatum variété duboisii.
PPH : L’histoplasmose est-elle transmissible?
Non.
PPH : Quels sont les signes et symptômes de l’histoplasmose ?
Elle débute par des signes pulmonaires simulant une grippe : toux, fièvre, douleurs thoraciques ; des miliaires pulmonaires peuvent être observées à la radiographie thoracique. Les signes pulmonaires peuvent évoluer en 04 phases comme dans la tuberculose.
PPH : Quelles sont les complications possibles ?
Les complications dépendent de l’état immunitaire de la personne malade.
Chez la personne immuno compétente, la guérison survient avec parfois des séquelles pulmonaires à type de calcifications pulmonaires découverte de façon fortuite lors d’une radiographie thoraciques. Chez la personne en immuno dépression profonde (CD4< 150/mm3), notamment infectée par le VIH, la maladie se généralise (septicémie) avec fièvre, toux et douleurs thoracique, amaigrissement, et atteinte de plusieurs organes (peau et muqueuses, foie, rate, os et moelle osseuse), simulant ainsi une tuberculose généralisée : c’est l’histoplasmose disséminée. Le décès du malade peut survenir en l’absence d’un diagnostic et d’un traitement antifongiques précoces.
PPH : Quelles sont les personnes les plus touchées ou les plus à risque de faire l’histoplasmose ?
Etant donné le mode de contamination par aspiration des spores du champignon contenues dans des fientes d’oiseaux et guanos de chauve-souris déposés sur le sol et retrouvées en abondance dans des endroits tels que : forêts, maisons abandonnées, élevage de volailles et chauves-souris, les personnes les plus à risque sont celles exerçant des métiers de réfection de vielles maisons, fermiers, chasseurs et agriculteurs ; et les personnes immunodéprimées fréquentant ces lieux.
PPH : Comment peut-on dépister l’histoplasmose ?
Il faut penser à l’histoplasmose chez toute personne présentant des signes tels :
- que des fractures inexpliquées, des lésions cutanéo-muqueuses inexpliquées (papules ou nodules déprimées en son centre, ulcérations trainantes)
- des signes de tuberculose (fièvre, toux et parfois miliaire pulmonaires, amaigrissement), mais avec des BK négatifs dans les crachats, et un traitement antituberculeux d’épreuve inefficace
- une fièvre ne répondant aux antipaludéens, aux antibiotiques chez une personne ne connaissant pas son statut sérologique pour le VIH
- une personne tuberculeuse (BK+ dans les crachats) chez qui l’état ne s’améliore pas malgré un traitement antituberculeux bien conduit
Chez ces personnes on doit réaliser des prélèvements sanguins (NFS, sérologie du VIH), des prélèvements cutanéo-muqueux (biopsie et examen anatomopathologique à la recherche du champignon), des prélèvements urinaires (détection de l’antigène d’Histoplasma capsulatum). On peut enfin réaliser une IDR (Intra Dermo Réaction) à l’histoplasmine dans la population générale.
PPH : Pourquoi entend-t-on si peu parler de cette maladie ?
Dans le contexte africain d’endémie tuberculeuse qui constitue la principale infection opportuniste en cas de SIDA, une des principales causes de mortalité (nouveaux cas, résistance aux antituberculeux) et surtout un problème de santé publique ; les efforts des autorités sanitaires de nos régions sont beaucoup plus axés dans la lutte contre cette dernière.
D’autre part la similitude clinique (en dehors des signes cutanés) et radiographique entre la tuberculose et l’histoplasmose renforce l’ignorance de cette infection mycosique. Seule la tuberculose est recherchée au détriment de l’histoplasmose. Les personnes séropositives pour le VIH décèdent d’une histoplasmose dans sa forme compliquée (histoplasmose disséminée) non diagnostiquée.
PPH : Quels sont les pays ou les régions en Afrique où l’histoplasmose sévit le plus ?
L’histoplasmose est endémique dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, notamment en Afrique centrale, Afrique de l’ouest et Afrique du sud, où les deux formes d’histoplasmose coexistent. En réalité la prévalence réelle de cette infection est inconnue dans ces régions
PPH : Comment prévenir de manière pratique l’histoplasmose ?
La prévention de l’histoplasmose est illusoire tant qu’il existera des travailleurs à risque (voir plus haut), et des personnes immunodéprimées notamment séropositives pour le VIH en Afrique.
PPH : A qui s’adresser devant suspicion d’histoplasmose ?
Normalement tout médecin doit être sensibilisée sur l’histoplasmose et élever son degré de suspicion de cette infection. Car l’infection sévit en Afrique devant l’ignorance du personnel médical, notamment ceux en charge des personnes infectées par le VIH qui sont très vulnérables à cette mycose.