oncernant la Maladie d’Alzheimer avec Dr Louisa Mougue Ngadeu
PPH: Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
C’est une Maladie « neurodégénérative du système cognitif ». Elle se caractérise par une mort progressive et irréversible des neurones du cerveau.
Les lésions neuropathologiques spécifiques associent la présence de plaques amyloïdes formées de protéines amyloïdes et la présence de dégénérescence neurofibrillaire, formées de protéines tau anormale.
PPH: La maladie d’Alzheimer est-elle transmissible dans une famille ?
Oui
- La maladie d’Alzheimer héréditaire existe mais est exceptionnelle, cette forme familiale est due à une transmission génétique (gènes : APoE4, APP, PS1, PS2). Le pourcentage reste très faible, cette forme est rencontrée chez les malades jeunes.
PPH: Quels sont ses signes et symptômes ?
- Un déficit mnésique marqué par une atteinte de la mémoire immédiate les oublis des faits récents. La mémoire ancienne est bien conservée au début de la maladie, le patient se souvient bien des faits anciens de son enfance.
- Une altération d’une ou de plusieurs fonctions supérieures :
- Aphasie : le trouble du langage est marqué par un manque de mot, des difficultés pour dénommer les objets, des difficultés pour orthographier les mots.
- Apraxies : ce sont les troubles des mouvements coordonnés dont le but est d’accomplir un geste bien précis. (Saluer, recopier un dessin, s’habiller, se brosser les dents, se coiffer…)
- Agnosies : Il existe des difficultés de reconnaissance visuelle précoces, mais peu marquées. Elles s’accentuent progressivement et témoignent de troubles perceptifs et sémantiques. Troubles de la reconnaissance des visages familiers
- Atteinte des fonctions exécutives : altération des capacités de jugement, raisonnement, capacité d’abstraction, stratégie, planification et organisation
PPH: Quelles sont les personnes à risques ou les plus exposées ?
Les personnes à risque d’avoir la maladie d’Alzheimer sont les personnes qui sont exposées à ces différents facteurs de risque :
- Âge : cohorte 75 ans et plus
- Sexe féminin
- Faible niveau d’étude
- Facteurs génétiques (gènes : APoE4, APP, PS1, PS2)
- Agents toxiques (tabac, l’alcool, les drogues…)
- Niveau social défavorisé
- Sédentarité, Obésité
- Consommation de benzodiazépine
- Syndrome dépressif > 65 ans
- Facteurs vasculaires (HTA, DIABETE, AVC, hypercholestérolémie…)
PPH: Comment peut-on dépister la maladie d’Alzheimer ?
En réalisant :
- Un bilan neuropsychologique : afin d’établir le profil cognitif de la personne malade.
- Une imagerie cérébrale : permet de visualiser le cerveau sur plusieurs plans de coupes.
- Comme imagerie on peut réaliser : un scanner cérébral ou une IRM cérébrale (imagerie par résonnance magnétique) et TEP scan (tomographie à émission de positons au fluorodesoxyglucose) ; le TEP scan n’est pas réalisé de manière systématique, il est proposé lors d’un doute diagnostic ou en cas de présentation clinique atypique.
- Une ponction lombaire : qui permet le dosage des protéines amyloïdes (basses en cas de MA) et des protéines Tau (augmentées en cas de MA) dans le liquide céphalorachidien (LCR).
PHH: Quelles sont les complications possibles ?
Il existe plusieurs complications dans la MA
- L’apparition des crises d’épilepsies dans 10-20% des cas
- L’anorexie
- La perte de poids
- La dénutrition
- Les troubles du comportement (TDC) :
- Les TDC productifs : la déambulation, errance, les fugues, l’agitation, l’agressivité, les troubles du sommeil (insomnies ou hypersomnie), les troubles alimentaires (la boulimie avec un appétit accrue aux aliments sucrés), les hallucinations (visuelles et auditives), les propos délirants, désinhibitions sexuelles, les mouvements stéréotypés
- Les TDC non productifs : la dépression, l’apathie, l’anxiété, euphorie
- La perte progressive dans la réalisation des gestes de la vie quotidienne
- Les difficultés à se lever, s’asseoir seul, marcher correctement comme s’ils avaient perdu l’automatisme et les réflexes de la marche et du lever (cela s’observe à un stade très évolué de la maladie lorsque l’atteinte cérébrale devient diffuse).
PPH: La maladie d’Alzheimer peut-elle être mortelle ?
La MA n’entraine pas directement la mort du malade mais ce sont les complications indirectes qui vont en être responsable. Ce sont :
- La dénutrition
- Les infections pulmonaires (dues à des fausses routes)
- Des chutes avec traumatisme (fractures ou hémorragie cérébrale)
- Les décompensations des comorbidités du patient (cancers, insuffisance cardiaque, infections)
- La grabatisation avec toutes les complications liées au décubitus (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire, fausses routes, escarres sacres et talons…).
PPH: Existe-t-il un traitement qui retarde ou empêche la survenue de la maladie ?
- A ce jour il n’existe pas de traitement pour empêcher la survenue de la maladie d’Alzheimer
- Dans la MA ce sont les neurones cholinergiques qui sont malades, leur neurotransmetteur est l’acétylcholine. Les médicaments qui retardent l’évolution de la maladie d’Alzheimer existent ; ces médicaments suppléent le déficit en acétylcholine (ils inhibent une enzyme qui dégrade l’acétylcholine) : ce sont les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (l’ARICEPT : donépézil, EXELON : rivastigmine, REMINYL : galantamine).
- Les traitements non médicamenteux existent, ils ont pour but de retarder l’évolution de la MA
- Les stimulations cognitives
- Les séances d’orthophonie
- Les séances d’ergothérapie et de psychomotricité, de kinésithérapie
- L’annonce de la maladie d’Alzheimer ou apparentée peut avoir des répercussions au niveau psychologique. Aussi, un soutien psychologique tant auprès des familles que des patients peut s’avérer utile, car on le sait l’état thymique peut également avoir un impact sur les troubles cognitifs.
PPH: Comment prévenir de manière pratique la maladie d’Alzheimer ?
Pour prévenir la MA il faut :
- Détecter et traiter les facteurs de risque cardio-vasculaire dès l’âge adulte : hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie. Ce sont des maladies souvent silencieuses et qui entraînent des lésions cérébrales silencieuses qui vont se manifester bien plus tard.
- Il faut adopter un régime alimentaire équilibré et varié. Eviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé, favoriser un régime « méditerranéen » (privilégier les fruits, les légumes, les céréales, les acides gras saturés, consommer moins de viande et de produit laitier, consommer les poissons gras riches en omega3).
- Pratiquer une activité physique régulière.
- Poursuivre ses loisirs.
- Rompre l’isolement social tout au long de sa vie.
- Pratiquer des activités intellectuelles ou manuelles avec plaisir.
PPH: A qui s’adresser en cas de suspicion de maladie d’Alzheimer ?
Lorsqu’un médecin traitant reçoit un patient qui présente les signes cliniques de la Maladie d’Alzheimer, il faut l’adresser à :
- Un Gériatre
- Un Neurologue
- Un Psychiatre