PPH : Bonjour Docteur ; pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs.trices ?
Je suis médecin cancérologue à Lyon.
PPH : Docteur en des termes simples, c’est quoi le cancer du col de l’utérus ?
Le cancer du col de l’utérus est une tumeur qui se développe aux dépens du col de l’utérus.
Le col de l’utérus est la partie étroite qui sépare l’utérus du vagin.
Ce cancer est la 12ème cause de cancer chez la femme.
PPH : Comment survient le cancer du col de l’utérus ?
La 1ère cause du cancer de l’utérus est le virus HPV (Human Papilloma Virus), transmis par voie sexuelle.
Dans 9 cas sur 10 il est éliminé du col de l’utérus. Dans de rares cas, il peut être persistant et causer des modifications du col avec apparition de lésions précancéreuses.
Lorsque les lésions précancéreuses ne sont pas détectées et traitées à temps, elles évoluent lentement vers un cancer du col. Le temps écoulé entre l’infection HPV et l’apparition du cancer varie entre 10 et 20 ans.
PPH : Y’ a-t-il un profil de personnes plus atteintes ou alors existe-t-il des facteurs de risque ?
Le majeur facteur de risque est le virus HPV.
D’autres facteurs de risques se distinguent tels que le tabagisme, l’âge précoce des relations sexuelles, des partenaires multiples, et la séropositivité au VIH.
PPH : Comment pose-t-on le diagnostic du cancer du col de l’utérus ?
Sur le plan clinique, des symptômes peuvent faire suspecter un cancer du col utérin tels que :
- Des saignements gynécologiques (métrorragies),
- Des écoulements vaginaux parfois mal odorants,
- Des douleurs pelviennes.
L’examen gynécologique permet alors de mettre en évidence la tumeur du col utérin. Une biopsie et une analyse en laboratoire spécialisé confirme alors le diagnostic.
Le bilan peut ensuite être complété par des examens d’imagerie (scanner, IRM).
Dans le cas où la tumeur est asymptomatique, la réalisation d’un frottis cervico-vaginal, permet de détecter la maladie. Il s’agit d’un examen qu’il est conseillé de réaliser tous les 2 ans, après le début de la vie sexuelle.
PPH : Selon vous pourquoi ce cancer continue de faire des ravages en Afrique ?
Les moyens de prévention de la maladie du col de l’utérus ne sont pas toujours disponibles.
Les populations ne sont pas informées des symptômes qui devraient les conduire urgemment vers un médecin.
Le diagnostic est souvent tardif. Or les symptômes sont souvent très douloureux pouvant engendrer une grande fatigue, et un isolement.
La prise en charge d’un cancer de l’utérus nécessite des soins oncologiques conséquents : la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. Cependant, les centres de cancérologie sont rares, et peu faciles d’accès.
PPH : Docteur vous avez un intérêt pour la prise en charge des cancers en Afrique ; en tant que spécialiste quel est votre avis concernant les chiffres du cancer du col de l’utérus en Afrique…Ces dernières années ?
Le cancer du col de l’utérus tue chaque année 300 000 femmes dans le monde. D’après, les données de l’OMS, au fil des années, le chiffre incidence risque d’augmenter pour atteindre un million en 2030, en Afrique.
Il est donc important de développer davantage les moyens afin de :
- Déployer la prévention pour lutter contre le cancer du col,
- Construire des structures de soins.
PPH : Quelles sont les grands axes de la prévention du cancer du col de l’utérus ?
Avant le début de la vie sexuelle des plus jeunes :
- La réalisation du vaccin anti-HPV.
Au début de la vie sexuelle des plus jeunes :
- L’éducation des jeunes filles,
- Le port de préservatifs.
Chez les patientes de 25 ans et plus :
- La réalisation de FROTTIS CERVICO-VAGINAUX tous les 2-3 ans,
- Le sevrage du tabac.
PPH : Quels pourraient être les axes d’amélioration de la prévention du cancer du col de l’utérus en Afrique ?
- La formation des équipes médicales et paramédicales,
- Les campagnes de sensibilisation,
- La mobilisation de fonds financiers pour mettre à disposition le vaccin anti-HPV,
- La construction de centres spécialisés.
PPH : Dans notre contexte l’Oncologue médical est fréquemment sollicité(e) tardivement ; quel rôle pourrait jouer l’Oncologue médical dans la prévention du cancer du col de l’utérus ?
L’oncologue pourrait développer :
- L’information des patientes,
- Des campagnes de sensibilisation,
- Des réseaux multidisciplinaires entre médecins traitants, gynécologues et oncologues,
- La participation à des congrès scientifiques,
- Des collaborations et partenariats avec des organisations pouvant renforcer les aides.