PPH : Bonjour Docteure, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs.trices ?
Bonjour, et merci pour votre invitation ! Je suis le Docteur Ginette Tuayon, médecin du travail et médecin de gériatrie. Je suis épouse et mère, je travaille au CMA de la Dibamba, à Yassa Douala.
Médecin depuis 14 ans, je m’intéresse beaucoup depuis une dizaine d’années à la promotion de la santé, en particulier celle des travailleurs et des personnes âgées. C’est un réel plaisir pour moi d’être invitée à répondre à vos questions pour contribuer à la promotion de la santé de tous.
PPH : Nous employons fréquemment les termes « compléments alimentaires », pouvez-vous nous dire ce qu’est un complément alimentaire ?
Un complément alimentaire est défini comme une « denrée alimentaire dont le but est de fournir un complément de nutriments ou de substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique manquants ou en quantité insuffisante dans le régime alimentaire normal d’un individu. »
C’est la définition livresque, qui signifie simplement que les compléments alimentaires peuvent être des aliments ou d’autres produits consommables qui ont pour mission d’optimiser l’alimentation habituelle jugée insuffisante d’un individu, en complétant les nutriments de cette alimentation ou en apportant des améliorations dans sa physiologie.
PPH : Dans quelle circonstance pourrait-on avoir besoin de prendre des compléments alimentaires?
Les circonstances où les compléments alimentaires sont utiles sont très nombreuses. En fait, dès lors que l’organisme est soumis à des pressions de tous ordres, quelles qu’elles soient, du stress, une maladie, un choc émotionnel, une situation de vie un peu difficile, des examens ou des échéances quelconques, le vieillissement, une maladie chronique, la grossesse, la croissance, le sport, etc, un complément alimentaire peut être utile. Et ces circonstances sont celles de la Vie en général.
PPH : Les compléments alimentaires doivent-ils forcément être prescrits par un personnel de santé ?
Il est vrai que ce ne sont pas des médicaments, ils sont plus facilement tolérés que les médicaments, mais ce sont néanmoins des substances dont la manipulation demande un certain niveau de connaissances. Les personnes qui s’informent aux sources scientifiques sur ces sujets de la nutrition peuvent estimer avoir assez de connaissances pour en prendre sans se faire accompagner par des professionnels, mais l’idéal est d’obtenir une prescription par un personnel de santé ou un naturopathe.
PPH : Existe-t-il des risques à prendre des compléments alimentaires de son propre chef ?
Bien que à priori les compléments alimentaires soient peu toxiques et presque sans effets indésirables, il vaut mieux éviter de les prendre au pif et sans encadrement. En effet, les compléments alimentaires sont très nombreux et certains peuvent être inutiles, certaines associations peuvent être délétères en fonction du cas particulier du malade. Dans certaines situations, il faut même faire des examens pour savoir quels sont les compléments les plus indiqués en fonction de la situation. Donc, oui, il vaut mieux avoir l’éclairage d’un spécialiste avant de consommer des compléments alimentaires.
PPH : Pour vous qui êtes une praticienne chevronnée exerçant en Afrique, une personne âgée doit-elle systématiquement prendre des compléments alimentaires ?
Le vieillissement s’accompagne d’une baisse des réserves fonctionnelles et d’une moindre résistance aux différents stress. Une bonne hygiène de vie appliquée le plus tôt possible permet de plutôt bien vivre son vieillissement, mais les compléments alimentaires restent très utiles même en cas de vieillissement réussi, et quasiment indispensables en cas de vieillissement usuel ou pathologique.
PPH : Docteur que diriez-vous à ceux qui pensent qu’une alimentation saine et équilibrée permet de ne pas avoir besoin de compléments alimentaires ?
Les aliments qui arrivent dans notre cuisine peuvent-ils vraiment être sains et équilibrés quand nous ne maîtrisons pas la chaîne de production, de conservation, de transport ? Face aux défis environnementaux et le concept du Bio, les aliments peuvent-ils être vraiment sains ? et avec notre rythme de vie actuel, le coût des aliments, et les difficultés d’approvisionnements, il est difficile d’avoir une alimentation aussi diversifiée qu’on le souhaiterait. Sans oublier le stress quotidien qui épuise nos réserves nutritionnelles et nous fait nécessiter une complémentation nutritionnelle.
PPH : Il y a une multitude de compléments alimentaires sur le marché ; comment faire les bons choix ?
C’est pratiquement impossible de faire les bons choix à l’aveuglette, il faut soit un minimum de connaissances personnelles sur le sujet, soit l’encadrement d’un professionnel, surtout en considérant les associations. Néanmoins, il existe des compléments à base de Magnésium, de vitamine C et B, de zinc qui sont en général toujours utiles.
PPH : Vous – êtes l’auteure d’un livre qui nous paraît utile aux personnes âgées, pouvez-vous nous en dire plus ?
Mon livre « VIVRE MIEUX ET VIEUX, Coaching pour vieillir en bonne santé » se présente comme un guide pour accompagner les personnes du middle âge vers un vieillissement réussi. Il donne les clés pour être acteur de son vieillissement. Ne sachant pas quelle sera notre durée de vie, il vaut mieux se préparer à vieillir de la meilleure des manières afin de profiter de la vie le plus longtemps possible en restant en bonne santé. Ainsi, le livre présente les mécanismes qui nous font vieillir, les modifications biologiques qui s’installent quand on vieillit, les recommandations actuelles pour bien vieillir, et enfin des échelles et questionnaires pour faire le pronostic de son vieillissement et corriger la trajectoire.
PPH : Que pouvez-vous conseiller à une personne âgée désireuse d’éviter des carences alimentaires ?
Avoir une alimentation aussi variée que possible, respecter les trois V de l’alimentation : VRAIE, VARIEE et VEGETALE. Dans tous les cas, se faire accompagner par une gériatre ou un autre professionnel de la promotion de la santé.