La pandémie de COVID-19 est venue prouver si besoin l’était encore qu’il est possible lorsque suffisamment de moyens sont engagés d’influencer les comportements des populations même dans les régions les plus enclavées d’Afrique. Tant les moyens mis en jeu dans la communication ont été et continuent d’être énormes. On a pu observer sur tous les médias (internet, télévision, radio, affichages dans les rues…) une campagne sans précédent qui semble du moins jusqu’à présent avoir porté des fruits, en témoignent les taux d’infection et de décès liés au COVID-19 en Afrique au Sud du Sahara.
« Education et santé vont de pair… »
Sur le long terme l’OMS et l’UNESCO misent sur l’éducation de la jeune fille
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture (UNESCO) partagent la même vision ; ces deux organismes des nations unies qui reconnaissent l’importance de l’éducation de la jeune fille ont adopté la même stratégie. On peut ainsi lire dans leurs déclarations :
Une jeune fille ou une femme qui sait lire et écrire est également plus susceptible d’avoir des connaissances en matière de santé. L’éducation améliore la condition de la femme. Elle protège sa santé sexuelle et la protège de la violence domestique. Une éducation de qualité est à la base de la santé et du bien-être ; l’obtention par la mère d’un niveau éducatif supérieur se traduit par une amélioration de la nutrition et des taux de vaccination des enfants, par une réduction des décès d’enfant évitables, de la mortalité maternelle et du VIH.
« Education et santé vont de pair et les éléments de preuve qui le montrent sont irréfutables. L’éducation est un moyen puissant de briser le cycle de la pauvreté, de la mauvaise santé, de la misère et d’une condition inférieure que subissent les femmes de génération en génération. L’éducation développe les connaissances, les valeurs et les attitudes permettant aux citoyens de mener une vie pleine en bonne santé, de prendre des décisions éclairées et de réagir aux défis locaux et mondiaux ». [1,2]
«…N’est-il pas temps de mener une réflexion sur l’engagement des populations africaines » ?
A court terme l’éducation pour la santé devrait être une priorité
L’OMS en 1998 déclarait : « L’éducation pour la santé comprend la création délibérée de possibilités d’apprendre grâce à une forme de communication visant à améliorer les compétences en matière de santé, ce qui comprend l’amélioration des connaissances et la transmission d’aptitudes utiles dans la vie, qui favorisent la santé des individus et des communautés ». La communication autour de la COVID-19 et des mesures barrières depuis le début de l’épidémie est l’archétype de ce que devrait être une campagne de sensibilisation concernant les maladies en Afrique. Au-delà des moyens financiers alloués à cette campagne, c’est l’engagement et la détermination des états africains, ONG et partenaires internationaux que nous avons pu remarquer. Le savoir-faire et le génie africain ont été mis au service de la santé des populations ; des solutions africaines mises en œuvre par des africains ont vu le jour. La médiatisation de la COVID-19 a probablement joué un grand rôle dans cette mobilisation sans précédent. Comment capitaliser cet engagement de toute la communauté africaine observé durant cette pandémie de COVID-19 ? La question mérite réflexion. La lutte contre le choléra, le paludisme, les hépatites virales, les maladies du péril fécal et les cancers évitables pour ne citer que celles-là, nécessite un engagement de toute la communauté africaine et partant une éducation pour la santé à la hauteur.
La déclaration d’Abuja en 2001 engageait les pays de l’Union Africaine à allouer au moins 15% de leur budget à l’amélioration du secteur de la santé. L’éducation pour la santé en Afrique doit-elle nécessairement être le reflet des budgets de santé des pays? Aux vues de l’actualité de ces derniers mois nous pouvons assurément conclure que non.
En 1990, « santé pour tous d’ici l’an 2000 » était le but que l’OMS et tous ses états membres s’étaient engagés à atteindre. L’accomplissement de cette mission ne pouvait se faire que si les agents de santé et la population travaillaient vraiment ensemble. [4] Bien que les budgets réservés à la santé dans les pays africains restent largement inférieurs aux recommandations ; plus de 20 ans après cette déclaration, n’est-il pas temps de mener une réflexion sur l’engagement des populations africaines ?
« L’éducation pour la santé est la composante des soins de santé qui vise à encourager l’adoption de comportements favorables à la santé. […] Par l’éducation pour la santé, on aide les gens à élucider leur propre comportement et à voir comment ce comportement influence leur état de santé. On les encourage à faire leurs propres choix pour une vie plus saine. On ne les force pas à changer. […] L’éducation pour la santé ne remplit pleinement sa fonction que si elle encourage les gens à participer et à choisir eux-mêmes ». [5]
Le directeur de l’OMS le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus déclarait : « Les dépenses de santé ne doivent pas être considérées comme un coût mais comme un investissement en faveur de la lutte contre la pauvreté, de l’emploi, de la productivité, d’une croissance économique inclusive et de sociétés plus saines, plus sûres et plus justes ». [3] Mais que valent ces dépenses de santé sans un réel engagement des populations ?
Références
1- https://www.who.int/dg/speeches/2010/educationandhealth_20100920/fr/
2- https://fr.unesco.org/themes/%C3%A9ducation-sant%C3%A9
3- https://www.who.int/fr/news-room/detail/20-02-2019-countries-are-spending-more-on-health-but-people-are-still-paying-too-much-out-of-their-own-pockets
4- https://apps.who.int/iris/handle/10665/36961
5- http://www.psycom.org/Actualites/Pour-en-savoir-plus/Article-L-education-a-la-sante-c-est-quoi