L’idée selon laquelle une consommation modérée et régulière d’alcool serait bénéfique pour la santé est très répandue sur le continent africain. Aujourd’hui, le lien entre consommation d’alcool et survenue de maladies chroniques non transmissibles (Hypertension artérielle, diabète, cancers) est bien établi. Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ? Qu’est-ce que c’est que le « french paradox » ? Quand le « french paradox » est-il tombé ? Pourquoi les populations africaines sont plus exposées aux risques d’hypertension artérielle et de complications telles que l’insuffisance rénale et la cirrhose? Nous essaierons de répondre à ces questions dans cet article.
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
Selon l’OMS l’hypertension ou tension artérielle élevée, est une maladie dans laquelle les vaisseaux sanguins subissent en permanence une pression élevée, ce qui peut les endommager. Chaque fois que le cœur bat, il envoie du sang dans les vaisseaux qui est transporté vers toutes les parties du corps. La tension artérielle est créée par la pression du sang contre les parois des vaisseaux sanguins (artères) tandis qu’il est expulsé par le cœur. Plus la pression est élevée, plus le cœur doit pomper.
La tension artérielle normale d’un adulte est établie à 120 mmHg quand le cœur se contracte (pression systolique) et 80 mmHg quand le cœur se relâche (pression diastolique). Quand la pression artérielle systolique est supérieure ou égale à 140 mmHg et ou la tesnion artérielle diastolique est supérieure ou égale à 90 mmHg, la tension artérielle est considérée comme élevée. [1]
Qu’est-ce que c’est que le « french paradox » ?
Une équipe de chercheurs de l’institut national de la santé et de la recherche médicale (inserm) d’Angers, avec des chercheurs de Strasbourg et Toulouse a découvert comment les polyphénols du vin rouge protègent les artères et le cœur.
Les différentes études statistiques réalisées depuis la fin des années 1980 ont souligné la relation entre une consommation régulière et modérée de vin et la diminution des risques cardiovasculaires.
Le phénomène a été baptisé « French Paradox », essentiellement parce que dans le Sud-Ouest de la France, de façon assez surprenante, il y a relativement peu d’accidents cardiovasculaires malgré une alimentation riche en graisses saturées et en vin. [2]
Quand le « french paradox » est-il tombé ?
Le 23 Août 2018 un article intitulé « No level of alcohol consumption improves health » est paru dans The Lancet une revue médicale internationale. Dans ledit article, une étude démontre que la consommation d’alcool a un impact négatif sur la durée de vie en bonne santé, quelle que soit la quantité consommée. « Les résultats confirment que la consommation d’alcool est un important facteur de risque évitable pour les maladies non transmissibles telles que la cirrhose du foie, certains cancers et maladies cardiovasculaires, et pour les traumatismes résultant de violence et d’accident de la route » déclare le docteur Carina Ferreira-Borges, cheffe du programme Alcool et drogues illicites au bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles. [3,4]
Cette étude soulève de nombreuses interrogations, notamment sur la possibilité de financements des études françaises par l’industrie du vin.
Pourquoi les populations africaines sont plus exposées au risque d’hypertension artérielleet de complications telles que l’insuffisance rénale et la cirrhose ?
Selon la société française d’hypertension artérielle, on entend par « sujet noir » une personne dont la peau est de couleur plus ou moins noire. Et Par « population noire » elle entend, un groupe de personnes à peau noire partageant une histoire, une culture et un patrimoine génétiques communs.
La première raison est que selon l’OMS la consommation d’alcool explose en Afrique. « Quand les africains boivent, ils boivent plus qu’ailleurs. » La consommation d’alcool en Afrique a augmenté considérablement depuis 2010, estime l’institution dans son rapport 2017. Cinq litre par personne et par an : c’est ce qu’a consommé en moyenne chaque africain en 2017. Et c’est deux tiers de plus qu’en 2010 (l’étude concernait les habitants de plus de 15 ans). Si on ne prend en compte que les personnes buvant de l’alcool, certains pays africains détrônent et de loin, les pays d’Europe et d’Asie. Les plus gros consommateurs, avec près de 34 litres d’alcool par an, sont les buveurs tchadiens. Les gambiens avec 30 litres et les maliens avec 29 litres figurent dans le trio de tête. [5,6] La cirrhose du foie est la complication la plus craint chez les « gros buveurs », elle conduit parfois au cancer primitif du foie (CPF).
Ces données, bien que concernant « les buveurs » uniquement, ont le mérite d’attirer notre attention sur le fléau qu’est l’alcoolisme. La consommation d’alcool est un facteur de risque cardiovasculaire. En d’autres termes, le consommateur régulier d’alcool a plus de chance de faire des maladies et complications cardiovasculaires (Hypertension artérielle, accidents vasculaires cérébral…) que le non consommateur.
La deuxième raison c’est que selon les dernières études, la race noire est un facteur de risque d’hypertension artérielle. En effet l’hypertension artérielle chez les patients d’origine africaine ou afro-américaines présente une prévalence augmentée et une atteinte plus précoce et sévère des organes cibles (cerveau, rein, cœur) par rapport aux autres ethnies (races). Les sujets noirs ont des prédispositions naturelles à l’origine d’une tendance à la rétention hydrosodée (ils éliminent moins le sel de leur organisme que les sujets d’autres races). C’est d’ailleurs à cet effet que la société française d’hypertension artérielle a établi une fiche technique dédiée à l’hypertension artérielle chez le sujet noir. Cela souligne bien les rapports entre race noire et hypertension artérielle. La modification des comportements et habitudes alimentaires (tabac, alcool, consommation de sel, sédentarité…) en Afrique n’arrangent pas les choses. [7,8]
Bien que les maladies infectieuses captivent le plus l’attention des autorités sanitaires sur le continent, Il est primordial de sensibiliser les populations africaines sur l’alcoolisme et ses méfaits, car l’usage nocif d’alcool continue à augmenter dans la Région africaine de l’OMS. L’alcool, peu importe sa nature (fabrication artisanale, bière, vin, whisky…) et la quantité consommée est néfaste pour la santé.
Conflits d’intérêt : aucun
REFERENCES
[1] https://www.who.int/features/qa/82/fr/
[2] https://www.lanutrition.fr/les-news/le-french-paradox-du-vin-rouge-explique
[3] https://www.thelancet.com/article/S0140-6736(18)31571-X/fulltext
[4] http://www.euro.who.int/fr/health-topics/disease-prevention/alcohol-use/news/news/2018/09/there-is-no-safe-leve
[5] https://www.jeuneafrique.com/469928/societe/selon-loms-la-consommation-dalcool-explose-en-afrique/
[6] http://www.rfi.fr/afrique/20141228-alcool-quand-africains-boivent-ils-boivent-plus-ailleurs-oms
[7] http://www.sfhta.eu/wp-content/uploads/2017/12/SFHTA_Fiche_technique_HTA-du-sujet-noir_Decembre-2017.pdf
[8] https://primepublichealth.com/lafrique-face-aux-cancers-explications-du-boom-et-moyens-de-prevention/