Malgré une lutte acharnée contre le cancer du sein, le nombre de cas n’a cessé d’augmenter ces trois dernières décennies. Plus fréquent dans la population féminine, cette maladie touche une femme sur huit dans le monde, et une sur vingt-sept finit par en mourir. Grâce à la mise en évidence des facteurs de risque et aux recherches qui ont permis de mettre en place plusieurs traitements, les chances de survie au cancer du sein sont de plus en plus importantes.
Dans cet article, nous vous aidons à mieux comprendre cette maladie, et vous disons comment réduire au maximum les risques de la développer, grâce à des gestes simples.
6 questions – réponses, pour mieux comprendre le cancer du sein
Bien que le sujet soit abordé à grande échelle chaque année durant l’Octobre Rose, beaucoup de femmes en Afrique ne se sentent pas concernées par la maladie, et donc n’y prête pas une attention particulière. Aussi, le fait que le cancer du sein soit un sujet tabou chez beaucoup de femmes dans le continent, empêche celles-ci de faire le dépistage à temps. En Afrique, plus de la moitié des femmes atteintes de cancer du sein en meurent, du fait d’un diagnostic tardif et d’un traitement inadapté. Pour lever le voile sur le cancer du sein, nous répondons à vos questions les plus fréquentes sur la maladie.
Qu’est-ce que le cancer du sein ?
Le cancer du sein est une tumeur maligne de la glande mammaire. En d’autres termes, un cancer du sein est une multiplication anarchique des cellules constituants la glande mammaire, provoquant l’apparition de masses de cellules cancéreuses. Ces cellules sont en mesure d’envahir les organes voisins, mais aussi de se propager par voie sanguine, pour atteindre des organes distants. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Il touche une femme sur huit. Bien que plusieurs facteurs de risque soient connus, la cause de la plupart des cas de cancer du sein, ne peut être clairement déterminée .
Quels sont les différents types de cancer du sein ?
Il existe différents types de cancer du sein, selon les cellules à partir desquelles la maladie se développe. Ainsi, on distingue deux groupes de cancer du sein : les cancers in situ et les cancers infiltrants.
- le cancer in situ ou cancer non invasif : les cellules cancéreuses se trouvent uniquement à l’intérieur des canaux ou des lobules, et donc ne se sont pas propagées aux organes voisins. Le cancer non invasif est le type de cancer du sein le plus diagnostiqué chez les femmes.
- le cancer infiltrant : ce type de cancer est plus agressif. Les cellules cancéreuses s’attaquent au tissu qui entoure les canaux et les lobules. Elles peuvent aussi se propager vers d’autres tissus plus distants. Fort heureusement, ce type de cancer du sein est plus rare.
Notez que dans 95% des cas, le cancer du sein est adénocarcinome, c’est-à-dire qu’il se développe à partir des cellules épithéliales de la glande mammaire.
Quels sont les facteurs de risque du cancer du sein ?
Les recherches menées sur le cancer du sein ont permis de mettre en évidence des facteurs susceptibles d’augmenter le risque de développer la maladie :
- l’âge : environ 80% des cancers du sein se développent après 50 ans, même s’il est possible, mais rare, que la maladie se développe chez une personne âgée de moins de 35 ans et exceptionnellement chez les femmes de moins de 20 ans;
- le surpoids et l’obésité seraient des facteurs de risque, peut-être parce que les tissus graisseux stockent facilement certaines hormones impliquées dans le développement du cancer du sein ;
- les prédispositions génétiques : des antécédents familiaux de cancer du sein, de l’ovaire ou de l’endomètre. Le risque serait plus important chez les femmes dont la mère, la sœur, la fille, la grand-mère, la tante ou la nièce, a déjà eu la maladie. Il est estimé que 5 à 10 % des cas de cancer du sein seraient liés à une prédisposition génétique ;
- les femmes qui n’ont pas eu d’enfant ou en ont eu après 40 ans ;
- la consommation d’alcool et de tabac ;
- le manque d’activité physique : les personnes qui pratiquent moins de 4 heures d’exercice physique par semaine ;
- la prise de pilule contraceptive qui accroît légèrement le risque de cancer du sein chez les femmes qui les utilisent durant plus de 4 ans ;
- la puberté précoce et la ménopause tardive ;
- les personnes qui ont déjà été atteintes d’un cancer du sein (4 à 5 fois plus de risque de développer une tumeur au niveau de l’autre sein par rapport aux femmes sans antécédent).
« Des antécédents familiaux de cancer du sein accroissent le risque par un facteur de deux ou trois. »
OMS
Notez cependant qu’une personne qui ne possède aucun facteur de risque peut développer un cancer du sein.
Quels sont les symptômes du cancer du sein ?
Au premier stade de la maladie, le cancer du sein peut être asymptomatique. Les symptômes apparaissent quand la tumeur au sein est suffisamment grosse pour être sentie au toucher, ou quand le cancer s’est propagé aux tissus et organes voisins.
Les symptômes ci-dessous sont liés à la maladie, mais leur apparition ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’un cancer du sein.
- une nouvelle grosseur au sein : généralement dure et non douloureuse, avec des contours irréguliers.
- une nouvelle grosseur au niveau des aisselles : une potentielle propagation du cancer aux ganglions axillaires ;
- une rétraction, rougeur inhabituelle, chaleur importante, œdème, crevasses ou aspect de peau d’orange au niveau des mamelons ;
- des suintements ou écoulements spontanés au niveau des mamelons ;
- un changement de la forme ou de la taille du sein ;
Un cancer du sein non ou tardivement diagnostiqué, peut se propager vers d’autres tissus et organes du corps. A ce stade, d’autres symptômes apparaissent :
- maux de tête ;
- troubles de la vision ;
- nausées ;
- toux ;
- faiblesse musculaire ;
- perte d’appétit et de poids,
- essoufflement ;
- douleurs osseuses ;
- jaunisse ;
- accumulation de liquide autour des poumons.
Il est très important de ne pas négliger les signes. En présente des symptômes ou d’anomalies, demandez au plus vite l’avis d’un médecin.
Le cancer du sein touche-t-il aussi les hommes ?
Bien que le cancer du sein soit plus courant chez les femmes, il peut apparaitre chez l’homme, même si c’est rare. Ces cas représentent moins de 1% des cancers du sein et sont le plus souvent liés à des prédispositions génétiques (comme le syndrome de Klinefelter qui est un trouble héréditaire qui cause une baisse du taux d’androgènes dans le corps et augmente celui de l’œstrogène).
Il existe d’autres facteurs de risque du cancer du sein chez les hommes, en plus des prédispositions génétiques :
- l’âge : le cancer du sein est le plus souvent diagnostiqué chez les hommes de plus de 60 ans ;
- des antécédents familiaux : les hommes dont un parent proche, tant homme que femme, a eu un cancer du sein, risquent davantage d’être atteints par la maladie ;
- une cirrhose du foie qui augmente le taux d’œstrogène et baisse le taux d’androgènes.
Existe-t-il un traitement contre le cancer du sein ?
Il existe plusieurs traitements contre le cancer du sein. Le choix du traitement pour chaque patient est basé sur plusieurs éléments :
- l’âge,
- l’état de santé général,
- le type de cancer,
- le stage du cancer,
- les risques de réapparition du cancer,
- les récepteurs hormonaux et le gène HER2.
A l’heure actuelle, 5 traitements contre le cancer du sein sont disponibles, et un ou plusieurs peuvent être utilisés chez un patient :
- la chirurgie pour retirer la tumeur cancéreuse. C’est le traitement le plus courant contre le cancer du sein ;
- la radiothérapie afin de détruire les cellules cancéreuses et empêcher leur développement ;
- la chimiothérapie, avec la prise de médicaments composés de molécules anti-tumorales ;
- l’hormonothérapie qui permet de limiter le risque de récidive en empêchant les cellules tumorales de se développer. L’hormonothérapie est souvent utilisée comme traitement complémentaire à la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie ;
- les thérapies ciblées : basées sur la prise de médicaments anticancéreux qui agissent spécifiquement sur les cellules cancéreuses en bloquant l’action du gène HER2.
Comment limiter les risques de cancer du sein ?
Une bonne hygiène de vie permet de réduire les risques de plusieurs cancers, comme le cancer du sein. Une alimentation saine, de l’exercice physique, mais aussi éviter le surpoids, l’obésité et la consommation d’alcool, sont des mesures de prévention contre le cancer du sein.
« De nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire se trouvent désormais confrontés au double fardeau du cancer du sein et du cancer de l’utérus qui sont extrêmement meurtriers chez les femmes de plus de 30 ans. »
OMS
Pratiquer une mastectomie pour prévenir le cancer du sein génétique
5 à 10% des cas de cancer du sein sont attribuables à une mutation génétique. Les personnes porteuses de mutations des gènes BRCA1 et BRCA2, ont plus de chance de développer un cancer du sein. S’il est identifié chez plusieurs membres d’une même famille, des mutations génétiques favorisant la survenue de cette maladie, une intervention chirurgicale peut réduire le risque. Cette chirurgie préventive appelée mastectomie, permet une réduction du risque de 95% chez les femmes qui présentent des prédisposions génétiques, mais qui n’ont pas encore développées la maladie. Chez une personne qui a déjà eu le cancer du sein, l’ablation reste préventive pour l’autre sein, mais ne permet pas pour autant d’éliminer le risque de rechute du premier cancer.
Manger sainement
L’alimentation joue un rôle important dans la prévention des cancers. Même s’il n’y a pas de lien de cause à effet clairement défini, les vitamines E et C, le sélénium, les antioxydants, et les polyphénols présents dans certains fruits et légumes, sont capables de lutter contre l’apparition de cancer. Voici donc quelques conseils diététiques tirés de différentes recherches sur les liens entre l’alimentation et le cancer du sein.
- mangez des fruits (les framboises, les fraises et les mûres) et des légumes (navet, radis, choux de Bruxelles, brocoli) crus ou cuits le moins possible ;
- évitez les aliments riches en graisses potentiellement inflammatoires (huiles de tournesol, maïs, soja et ses dérivés de la famille oméga-6) et privilégiez les oméga-3 des poissons (sardines, maquereau, thon, saumon…) ;
- manger plus d’ail et d’oignon (2 gousses d’ail et 1 oignon ou 2 échalotes) ;
- diminuez votre consommation de sel et privilégiez les épices comme le curcuma, le poivre et le gingembre qui sont concentrés en nutriments antioxydants ;
- évitez les aliments ultra-transformés ou avec du sucre ajouté ;
- buvez du thé noir ou vert (tous deux sont très riches en antioxydants) ;
- limitez votre consommation de viande rouge et de charcuteries (pas plus de 500 g par semaine) ;
- évitez de cuire les aliments à haute température. Privilégiez la cuisson à la vapeur.
Avoir une activité physique régulière
La sédentarité augmente les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer. Il est fortement conseillé de faire des exercices physiques au moins 30 minutes par jour et 5 jours par semaine pour réduire le risque de cancer du sein de 30 à 40 %. Si vous êtes contraint à rester assis 6 heures par jour, ce qui est fréquent chez les personnes qui travaillent dans un bureau, prenez une pause le plus souvent possible pour marcher.
« Des études démontrent que l’obésité fait augmenter votre risque de cancer du sein. Vous pouvez réduire votre risque en maintenant un poids santé. Bien manger et être physiquement active peut vous aider à conserver un poids santé. »
Cancer.ca
Eviter de consommer de l’alcool et du tabac
Le tabac et l’alcool augmentent les risques de cancer du sein :
- dès la prise d’un verre d’alcool le taux d’estrogène augmente. Le risque de croissance tumorale serait donc plus important chez les femmes qui consomment régulièrement de l’alcool ;
- le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, augmente aussi les risques de développer un cancer du sein.
Evitez de consommer de l’alcool et du tabac a donc un effet protecteur contre le cancer du sein.
Allaiter son enfant
Des recherches ont démontré que l’allaitement réduit les risques de cancer du sein à la fois avant et après la ménopause. En effet l’allaitement permet de réduire le nombre total de cycles menstruels d’une femme et ainsi, réduit l’exposition des cellules mammaires à l’œstrogène. Il est donc conseillé de mener une grossesse à terme avant l’âge de 30 ans, et d’allaiter le bébé au moins pendant 6 mois.
Se faire dépister
Le dépistage est la principale arme dans la lutte contre le cancer du sein car il permet de détecter le plus tôt possible la maladie, et donc de la soigner plus facilement, en limitant les séquelles liées à certains traitements.
- Un examen clinique par palpation est conseillé tous les ans dès 25 ans ;
- A partir de 50 ans jusqu’à l’âge de 74 ans, même si vous ne présentez aucun symptôme, une mammographie est recommandée tous les deux ans.
Cancer du sein : comment faire une autopalpation mammaire ?
Le cancer du sein est une maladie qui peut être guérie si elle est détectée à temps. Il est vivement conseillé aux femmes de pratiquer régulièrement une autopalpation mammaire. Celle-ci se fait en deux parties : l’examen visuel et la palpation.
Le cancer du sein concerne 1 femme sur 8. Plus tôt il est détecté, plus les chances de guérison sont importantes. Il est…
Publiée par Prime Public Health sur Jeudi 30 janvier 2020
1. L’examen visuel des seins
Tenez-vous debout devant un miroir et inspectez attentivement vos seins afin de repérer un changement anormal :
- taille ;
- forme ;
- crevasses ou fossettes ;
- changement de la couleur ou de l’aspect de la peau ;
- changement ou écoulement au niveau du mamelon (liquide ou sang).
L’examen visuel se fait dans plusieurs positions :
- les bras le long du corps ;
- les bras levés ;
- les bras sur les hanches ;
- le buste penché en avant ;
- allongée sur le côté.
2. La palpation des seins
La palpation est à réaliser sur les deux seins et sous les aisselles. Examinez votre sein gauche avec les trois doigts du milieu de votre main droite (inversement, les doigts de la main gauche vont inspecter le sein droit). Trois niveaux de pression sont recommandés : superficiel, moyen et fort. Les mouvements suivants sont à réaliser :
- mouvements radiaux : palpez chaque sein avec des mouvements de ligne droite, du mamelon vers l’extérieur. Recommencez jusqu’à faire le tour du sein.
- mouvements circulaires : placez vos doigts en haut des aisselles et palpez chaque sein avec un mouvement circulaire, jusqu’au mamelon.
- mouvements verticaux : en partant du haut des aisselles, parcourez chaque sein du haut vers le bas. Reprenez le mouvement jusqu’à examiner toutes les parties du sein.
L’autopalpation est à répéter chaque mois, quelques jours après les règles, dès l’âge de 20 ans. Elle n’exclut pas l’examen clinique recommandé chaque année (à partir de 25 ans), ni la mammographie, tous les deux ans (à partir de 50 ans).
Le cancer du sein est le type de cancer le plus fréquent chez les femmes. Malgré la lutte qui se poursuit, le nombre de cas n’a pas considérablement diminué au cours des dernières années. Cependant, les victimes ont aujourd’hui plus de chances de survivre à la maladie, notamment grâce au dépistage précoce et aux différents traitements disponibles. Les recherches menées sur le cancer du sein ont mis en évidence plusieurs facteurs de risque, et des mesures à prendre pour limiter les risques de développer la maladie. Même en l’absence de symptômes et de prédisposions génétiques, pensez à vous faire dépister régulièrement (par palpation à partir de 25 ans et par mammographie à partir de 50ans). Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un professionnel de santé et de lui en faire part.