PHH : Vous qui exercez dans le contexte africain et êtes acquise à la cause de la lutte contre les médicaments contrefaits ou falsifiés ; pouvez-vous dire à nos lecteurs. trices ce qu’est un médicament contrefait ou falsifié ?
Selon l’OMS, «un médicament contrefait est un médicament qui est délibérément et frauduleusement muni d’une étiquette n’indiquant pas son identité et/ou sa source véritable. Il peut s’agir d’une spécialité ou d’un produit générique et, parmi les produits contrefaits, il en est qui contiennent les bons ou les mauvais ingrédients, ou bien encore aucun principe actif, et il en est d’autres où le principe actif est en quantité insuffisante ou dont le conditionnement a été falsifié.». Il faut noter que le terme contrefait exprime une atteinte à la propriété du fabricant du médicament copié et le terme falsifié exprime une atteinte à la santé publique.
PPH: Une question que se pose de nombreux africains : Comment reconnaître un médicament contrefait ou falsifié ?
Il est très difficile de reconnaître un médicament falsifié, cependant la couleur de la boîte, des erreurs ou modifications dans l’inscription du nom du médicament, une date de péremption absente ou suspecte, la forme et l’aspect des comprimés par exemple peut guider, si il y a une incertitude quant à la qualité d’un médicament, la meilleure des choses à faire est de demander conseil à votre pharmacien.
PPH: Quels moyens utilisent les fabricants de médicaments aujourd’hui pour rassurer les consommateurs sur la qualité et la fiabilité des produits qu’ils mettent sur le marché africain ?
Les fabricants, pour pouvoir mettre à disposition leurs produits doivent obtenir une autorisation de mise sur le marché du pays qui procède à un contrôle rigoureux du fabricant, du procédé de fabrication et de la qualité du produit. Ils font ensuite parvenir leurs produits à la population via un circuit, le circuit du médicament qui garantit un acheminement sans risque et de qualité jusqu’à la population. Les principaux acteurs de ce circuit sont les pharmaciens.
PPH: A quels dangers s’exposent les consommateurs de médicaments contrefaits ou falsifiés ?
Comme dit plus haut dans la définition, les médicaments falsifiés peuvent contenir des substances dangereuses qui peuvent nuire gravement à la santé comme par exemple entraîner des insuffisances rénales ou être complètement inefficaces et dans ce cas vous pouvez mourir de la maladie dont vous souffrez.
PPH: Selon une idée très répandue en Afrique, un médicament pourrait être consommé jusqu’à 3 mois après sa date d’expiration. Qu’en dites-vous ?
La date de péremption est la date à laquelle le fabricant ne garantit plus la qualité de son produit, dans la plupart des cas, passé cette date, le médicament devient soit inefficace soit dangereux pour la santé.
PPH: De nombreux médicaments sont vendus en Afrique sans autorisation de mise sur le marché (AMM). Pouvez-vous nous dire quelles sont les principales étapes que traverse un médicament de sa fabrication jusqu’à sa mise sur le marché ?
La première phase est celle de la recherche et de conception du médicament. Il y a ensuite les études précliniques qui vont chercher à vérifier l’absence de toxicité du médicament candidat pour le traitement de la maladie ciblée. Elles sont faites généralement sur les animaux et précédent la recherche clinique faite sur l’homme et qui est très contrôlée. Très peu de médicaments arrivent à ce stade. Le but de cette recherche est de vérifier la tolérance et l’efficacité du produit. Enfin la phase administrative qui consiste surtout en l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché avec soumission du dossier complet du médicament auprès des autorités de réglementation du médicament.
Il existe aussi la phase de pharmacovigilance qui ne fait pas vraiment partie des étapes de développement du médicament mais qui n’en reste pas moins importante. Elle consiste en la surveillance du médicament après sa mise sur le marché. Elle permet de détecter d’éventuels problèmes sur le médicament qui pourront entraîner en fonction de leur gravité, son retrait du marché.
PPH: Aujourd’hui dans notre contexte qui est habilité à vendre un médicament ?
Aujourd’hui, la seule personne habilitée à vendre le médicament est le pharmacien, il porte la responsabilité de la bonne qualité du médicament et en est le garant.
PPH: Selon vous, sur quoi doit-on axer la lutte contre les médicaments contrefaits ou falsifiés en Afrique ?
Il faut axer la lutte surtout sur la sensibilisation, informer la population sur les dangers de l’automédication et les médicaments de la rue. Cela peut prendre du temps mais s’il n’y a plus de demande, il n’y aura pas d’offre et le commerce des médicaments falsifiés mourra de lui-même.
PPH: Que répondez-vous à ceux qui pensent que les médicaments mis sur le marché africain par les grands groupes pharmaceutiques n’ont pas la même efficacité que ceux disponibles dans les pays développés ?
Il n’y a aucune raison de le penser, les laboratoires sont soumis à un contrôle strict qui garantit l’efficacité des produits mis sur le marché africain.
PPH: A qui peut-on s’adresser si on suspecte un médicament d’être contrefait ou falsifié ?
Il faut s’adresser à son pharmacien, c’est le plus à même de vous donner les meilleurs conseils sur le médicament. Il pourra saisir les autorités compétentes impliquées dans la lutte contre le médicament falsifié.