Souvent dissimulée par les personnes qui en souffrent, la boulimie est une maladie complexe qui peut toucher homme, femme et enfant. Considérée comme un trouble du comportement alimentaire et de santé mentale, la boulimie se manifeste par la consommation incontrôlée d’une grande quantité de nourriture, sans avoir faim. Dans cet article, nous levons le voile sur cette maladie qui présente des risques aussi bien physiques que psychologiques.
Qu’est-ce que la boulimie ?
La boulimie fait partie des troubles du comportement alimentaire. Elle touche le plus souvent la population féminine de 14 à 22 ans.
La boulimie est caractérisée par une perte de contrôle dans la consommation de nourriture. Durant une crise, les personnes boulimiques ingèrent frénétiquement des quantités importantes d’aliments dans un temps limité. La crise cesse quand il n’y a plus rien à manger. La honte et la culpabilité ressenties après une crise, les poussent à vouloir éliminer les calories ingérées en provoquant des vomissements, en prenant des laxatifs, en jeûnant ou en faisant des activités physiques excessives.
Etant souvent accompagnée de dépression et d’une faible estime de soi, la boulimie toucherait 3% des femmes, à un moment de leur vie [1].
La boulimie peut être déclenchée par un évènement de la vie courante
Même si aucune cause exacte de la boulimie n’a été identifiée, la combinaison de plusieurs facteurs peut déclencher la maladie chez une personne.
- La génétique : avoir un parent proche victime de la boulimie, est un facteur de risque. De plus, certains traits de personnalité qui favorisent le déclenchement de la boulimie comme l’impulsivité, la vulnérabilité, les troubles bipolaires ou dépressifs, peuvent être plus marqués dans une famille, plutôt que dans une autre.
- Les facteurs psychologiques : des contrariétés causées par des événements dans la vie personnelle ou professionnelle, un traumatisme ou un sentiment d’abandon, peuvent provoquer une perte de contrôle menant vers une consommation frénétique de nourriture.
- Les facteurs socio-culturels : l’image de la morphologie parfaire, véhiculée par les médias, ou encore la pratique de sports axées sur le corps, peuvent contribuer à la modification des comportements alimentaires.
Apprendre à détecter les symptômes de la boulimie
La boulimie n’est pas facilement détectable chez les personnes qui en souffrent, car un sentiment de honte et de culpabilité les poussent à cacher leur maladie. De plus, les boulimiques ont souvent un poids normal. Certains signaux d’alerte peuvent cependant faire penser à la boulimie :
- la consommation d’aliment plus vite que d’habitude ;
- disparition subite de la personne juste après un repas (pour vomir) ;
- se cacher pour manger ;
- cacher des laxatifs ou des pilules amaigrissantes (les prendre pour perdre du poids) ;
- la pratique excessive d’un sport ;
- le visage enflé ;
- des changements fréquents de poids ;
- faiblesse et étourdissement ;
- irritabilité et sautes d’humeur ;
- vision négative et déformée de sa silhouette et son poids ;
- l’isolement.
La boulimie peut avoir des conséquences graves sur la santé physique et mentale
Les conséquences de la boulimie ne sont pas que d’ordre psychologique. Les crises boulimiques suivies d’une purge, comportent d’importants risques médicaux.
- Hypotension : une chute de la tension artérielle peut entrainer des évanouissements.
- Irrégularité du rythme cardiaque : la boulimie peut provoquer une affection cardiaque appelée la bradycardie. Celle-ci se manifeste par un changement brusque du rythme cardiaque, qui devient dangereusement faible.
- Ostéoporose et fracture des os : sur le long terme, la purge qui suit une crise boulimique, expose aux risques de développer une carence en vitamine D ou calcium ; ce qui fragilise les os. [2]
- Anomalies hormonales : le corps présente des difficultés à maintenir à la normale le niveau d’hormone. La réduction du niveau d’hormone peut empêcher un enfant de grandir normalement, ou une adolescente à avoir des menstruations régulières.
- Carie dentaire : avec les vomissements répétés, l’acide présent dans l’estomac peut détériorer l’émail des dents et provoquer une carie dentaire.
- Troubles digestifs : des reflux gastriques, des lésions au niveau du tube digestif et de la constipation.
- Insuffisance rénale : une utilisation abusive de diurétiques et de laxatifs peut endommager les reins.
- Troubles psychologiques : irritabilité, manque de confiance en soi, stress chronique, dépression, etc.
Réduire les risques de boulimie chez les enfants et les adultes
La prévention des troubles du comportement alimentaire passe par l’éducation et la communication. Afin d’éviter de tomber dans le piège de la boulimie, voici quelques conseils à suivre.
Veiller les uns sur les autres et communiquer au sein de la famille
Témoigner à son entourage un soutien moral, et communiquer sur la santé et les conduites alimentaires, permettent de réduire les risques de tomber dans la boulimie :
- Valoriser chaque membre de la famille ;
- Eviter de laisser ses proches se focaliser sur leur apparence ;
- Ne pas motiver un proche à se lancer dans un régime ou des restrictions caloriques, si ce n’est pas recommandé par un médecin ;
- Rappeler que la notion du poids idéal véhiculé par les médias, ne correspond pas toujours aux normes ;
- Installer un climat de confiance qui motive les proches à se confier et à partager leurs ressentis ;
- Prendre les repas en famille et privilégier les plats équilibrés.
Eduquer les enfants à la santé
Que cela soit dans le milieu familial ou à l’école, parler de la santé et de la diversité dans la représentation du corps humain, est essentiel pour prévenir et repérer rapidement les troubles du comportement alimentaire. Afin de sensibiliser les enfants sur la boulimie, voici quelques conseils :
- Soyez vous-même un modèle pour les enfants en évitant de tenir des propos négatifs sur l’apparence physique ;
- Apprendre aux enfants à accorder de l’importance à leur santé, en parlant de bonnes et mauvaises habitudes alimentaires ;
- Ne pas laisser les enfants dévaloriser leurs différences physiques ;
- Les écouter et leur parler le plus souvent possible ;
- Veiller sur les comportements alimentaires et les activités physiques des enfants ;
- Pousser les enfants et adolescents à participer à des activités collectives.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la boulimie est une vraie maladie qui peut toucher n’importe qui soumis à une grande pression, du stress, ou simplement présentant des prédispositions génétiques pouvant mener à des troubles alimentaires. Bien qu’il n’existe pas de traitement miracle, un suivi psychologique, clinique (surveillance des risques physiques) et diététique, aident à sortir de cette maladie.
Demander un soutien psychologique est indispensable car les cas les plus graves de boulimie peuvent mener à un décès par malaise cardiaque ou un suicide. Si vous pensez qu’un de vos proches est atteint de boulimie (ou vous-même), n’hésitez pas à en parler à une personne de confiance, ou agent de santé comme un médecin généraliste, afin qu’il puisse vous aider, et vous orienter vers des spécialistes.
Références :